Le vin face au réchauffement climatique
C'est indéniable: le réchauffement est au coeur de toutes les préoccupations. Ces changements bouleversent nos habitudes de consommation et nous pousse à revoir les bases de notre alimentation. Qu'en est-il pour le vin? Quels sont les effets déjà constatés et à quoi s'attendre?
De fortes chaleurs
En un siècle, la température moyenne de l'air a augmenté de 1,4°C. Et la récolte 2022 en est encore la preuve: l'une des conséquences du changement climatique est la précocité toujours plus grande des vendanges. D'un côté, la chaleur est favorable au mûrissement du raisin et l'absence de pluie éloigne le risque de maladies sur les grappes au moment des récoltes.
Mais ces conditions météorologiques nuisent à la typicité de nos appellations que les vignerons tentent de préserver sans relâche. Un Pinot noir alsacien soumis à des températures élevées donnera, par exemple, des vins très différents. experts prévoient d'ailleurs une augmentation du nombre de jours très chauds par an.
Un manque d'eau
A l'inverse, on constate que les précipitations annuelles diminuent, surtout dans le sud de la France. La sécheresse constitue aussi une menace. En effet, la chaleur est l'un des principaux problèmes mais c'est le manque d'eau qui va le plus impacter les vignobles. Les conséquences pourraient être graves pour des pays du Sud comme l'Espagne, l'Italie et même le Sud de la France. Cela entraîne inexorablement une baisse des rendements. Le stress hydrique, en particulier sur les jeunes vignes, provoquent la défoliation (chute naturelle des feuilles) voire le flétrissement. Leurs racines ne sont pas assez développées pour puiser des nutriments ailleurs.
Des vins plus forts et moins acides suite au réchauffement climatique
Les intenses vagues de chaleur vont précipiter le sucre dans le raisin. La teneur en alcool potentiel a déjà augmenté et devrait encore gagner un 1° sur vignobles comme le Languedoc et le Bordelais. En revanche, le taux d'acidité perdra entre 0,5 et 1g/l sur le Val de Loire.
Nous boirons donc des vins plus costauds mais peut-être moins taillés pour la garde. L'acidité étant aussi un marqueur du potentiel de garde...
Des vins plus forts et moins acides suite au réchauffement climatique
Les experts envisagent plusieurs solutions pour pallier à ces menaces:
- Des porte-greffe et cépages plus résistants à la sécheresse, aux maladies et aux températures élevées.
- Une réorganisation des plantations dans l'espace pour tirer profit de l'hétérogénéité des terroirs.
- Une modification des pratiques viticoles. Une meilleure gestion des sols favoriserait la résilience des vignes. Peut-être faudra-t-il autoriser l'irrigation dans le futur.
- Une révision des cahiers des charges des appellations.
- Un ajustement des processus oenologiques: choix des levures, contrôle des températures, désalcoolisation, etc.
- Et enfin, une meilleure analyse et compréhension des consommateurs. Connaître les perceptions de l'évolution des qualités des vins.
L'avenir est donc optimiste pour le vin français. Là où beaucoup ne voient que des problèmes, certains voient des solutions. Après tout, comme le soulignait Darwin, les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes ni les plus intelligentes mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements.